Une révolution silencieuse : le software-defined vehicle

La révolution automobile n’a pas toujours le bruit d’un moteur. Elle se joue désormais dans le code, les mises à jour à distance, et les architectures logicielles embarquées. Le Software-Defined Vehicle (SDV), ou "véhicule défini par logiciel", redéfinit ce qu’est une voiture – et ce que les clients attendent d’elle.C’est une transformation profonde, souvent silencieuse, mais radicale. Le SDV n’est pas un gadget high-tech. Il est la colonne vertébrale de la nouvelle mobilité : connectée, évolutive, intelligente.
software defined vehicles
Rédigé par
Camille Dupont
Publié le
17 juin 2025

I. Qu’est-ce qu’un Software-defined vehicle ?

Un SDV est un véhicule dont la majorité des fonctions (conduite, confort, sécurité, services) est contrôlée ou améliorée via des logiciels évolutifs. Cela suppose une séparation claire entre le hardware (composants physiques) et le software (fonctionnalités numériques).

Le SDV repose sur :

  • Une architecture électronique centralisée (ECU central, réseaux Ethernet internes)
  • Des mises à jour OTA (Over-The-Air), comme un smartphone
  • Une connexion cloud continue, permettant analyse de données et services à distance
  • Une logique de modularité logicielle, permettant d’ajouter ou supprimer des fonctions sans intervention physique

II. Pourquoi le SDV change tout pour les constructeurs

Un nouveau cycle produit : continu, agile, incrémental

Historiquement, les fonctionnalités d’un véhicule étaient figées à la sortie d’usine. Le SDV introduit une logique de versioning :

  • On vend un socle, et on déploie ensuite des fonctionnalités à la carte
  • On corrige des bugs à distance
  • On adapte le produit au marché ou à l’usage dans le temps

Cela rapproche l’industrie automobile du modèle SaaS, avec des véhicules “en perpétuelle évolution”.

Exemple : Mercedes propose désormais des fonctions de conduite assistée par abonnement, que le client peut activer ou désactiver.

Une bataille stratégique pour la maîtrise logicielle

Les constructeurs ne peuvent plus sous-traiter uniquement leur couche logicielle à des fournisseurs. Ils doivent :

  • Internaliser des équipes DevOps et IA
  • Créer des plateformes logicielles maison (ex : VW avec Cariad, Stellantis avec STLA Brain)
  • Penser l’automobile comme un écosystème numérique embarqué

Ceux qui ne prendront pas le virage SDV risquent d’être relégués au simple rôle de carrossier pour les GAFAM ou les nouveaux entrants.

III. Les impacts opérationnels pour les distributeurs et groupes

Nouvelles compétences en concession

Avec le SDV, les distributeurs doivent revoir leurs fiches de poste. Il ne suffit plus d’être vendeur auto. Il faut :

  • Comprendre les fonctions logicielles activables
  • Expliquer les abonnements et services
  • Gérer les diagnostics à distance et les mises à jour
  • Répondre à des attentes de personnalisation en temps réel

Les concessions deviennent des points de conseil technologique, plus que de simples lieux de vente.

Un nouveau modèle économique à exploiter

Le SDV ouvre la voie à de nouvelles sources de revenus :

  • Fonctionnalités payantes à l’usage (ex : sièges chauffants, conduite assistée, GPS évolué)
  • Offres freemium + upgrades
  • Services post-vente prédictifs via données embarquées
  • Prolongation de la relation client bien au-delà de l’achat initial

Les distributeurs les plus innovants sauront tirer parti de ce nouveau cycle de valeur.

IV. Les risques à anticiper

Le SDV n’est pas sans challenges :

  • Cybersécurité : les véhicules connectés sont des cibles
  • Risque réglementaire sur la gestion des données
  • Complexité logicielle croissante : bug, compatibilité, surcoûts
  • Confusion client si les offres sont trop complexes ou mal présentées

Il est donc essentiel de standardiser les plateformes, former les équipes et définir des parcours utilisateurs clairs.

V. Le SDV, catalyseur d’un nouvel écosystème auto

Plus qu’un produit, le SDV incarne la transformation de tout un écosystème. Il pousse les constructeurs à :

  • Coopérer avec des acteurs technologiques
  • Redéfinir leur modèle de R&D
  • Construire des partenariats stratégiques (semi-conducteurs, cloud, IA)
  • Valoriser l'expérience utilisateur comme critère central

L’automobile ne sera plus achetée uniquement pour son design ou sa motorisation, mais pour l’intelligence de son système embarqué.

Conclusion

La révolution logicielle est en marche. Silencieuse, invisible… mais puissante.

Pour les constructeurs, groupes et distributeurs, le Software-Defined Vehicle représente un tournant stratégique. Ceux qui sauront en faire une opportunité technologique, économique et relationnelle prendront une avance décisive.

Dans ce monde en mutation, le code devient la clef de la compétitivité. Et la voiture, un service connecté qui s’améliore en roulant.

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